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P(r)ose Café
23 avril 2012

"La Couleur Des Sentiments" de Kathryn Stockett

      1962. La ségrégation raciale règne dans le Sud des États-Unis. À Jackson (Mississippi), ce sont les bonnes noires, comme Aibileen, qui s'occupent de tout. Elles cuisinent, font le ménage et deviennent les mères de substitution des petits blancs de bonne famille. Skeeter, une jeune fille décalée par rapport à son époque, se rêve journaliste. Elle veut découvrir la raison qui a poussé Constantine, sa nourrice noire, à quitter la ville sans un mot. Malheureusement, Aibileen, la seule bonne de sa connaissance, refuse de lui en parler. Durant l'été, une vague de violences racistes touche l'entourage d'Aibileen et de Minny, sa meilleure amie, officiellement congédié pour vol, mais qui n'a fait que se venger d'une injustice pesante. La première chose à faire si on veut rester respectable est de construire des toilettes séparées selon la couleur de peau, et le fait qu'on batte un homme à mort car il est entré dans des WC pour blancs ne choque pas. Skeeter, obligée de se taire malgré son indignation, décide, avec l'aide d'Aibileen et de plusieurs bonnes, d'écrire leur version des choses. Anecdotes, sentiments, rancœurs, les cœurs lâchent des années de soumission. Les relations qu'entretiennent les amies blanches de Skeeter avec leur bonne sont pour le moins contrastées: l'une l'envoie en prison, l'autre la considère comme son amie, la soutenant lors de moments difficiles, une autre encore lui prie de se faire invisible, au risque de subir les foules de son mari. Pour le dénouement... à vous de vous lancer dans la lecture!


  À côté de l'intrigue principale se dresse en parallèle une période sombre de l'Histoire des États-Unis: celle du racisme et de la ségrégation raciale. Des allusions à Rosa Parks (la femme noire qui refusa de céder sa place dans un bus à un homme blanc) et à Martin Luther King montre l'engagement de l'auteur, qui a d'abord écrit ce livre en souvenir de sa propre bonne noire. Le livre montre aussi la société de cette époque: pleine de mépris et d'hypocrisie. Ainsi, Skeeter se retrouva bon nombre de fois en secrète compagnie de ses amies les bonnes, ces femmes d'une "race" qu'elle doit au pire ignorer, au mieux humilier quand elle est "dans le monde".  Hilly Holbrook est la personne-qu'on-aime-détester du roman. Classe, arrogante, elle veut toujours avoir raison. Présidente d'une association catholique en vogue de la ville, elle lance l'idée de batir des sanitaires séparées pour chaque "race", et se retrouve humiliée par sa propre idée grâce à l'audace de Skeeter. Méprisante mais finalement ridicule, elle est l'archétype de la femme blanche et américaine des années 1960. Le lecteur sera d'ailleurs ravi de finalement apprendre le vrai motif du renvoi de Minny. Cette bonne, comme la plupart dans ce livre, est attachante quand à son caractère insoumis et insolent, et son sens de la répartie. Les personnages se répartissent assez aisément en trois catégories: les bons (Skeeter et les bonnes), les indécis (les amies de Skeeter, qui avouent se soumettre aux idées de Hilly Holbrook pour rester bien vues) et les méchants (les racistes, bref tous les Hilly Holbrook de la terre). 

J'ai beaucoup aimé ce livre écrit à trois voix (chacune à leur tour, Skeeter, Aibileen et Minny racontent). Tout ce qui fait un bon livre y est: une bonne intrigue, du suspens, de l'émotion, des personnages hauts en couleurs (sans mauvais jeux de mots). L'auteur, tout à son honneur, croise son histoire personnelle avec celle de l'Amérique pour créer une fiction qui vous attrape et ne vous lâche plus (526 pages, je le conseille aux lecteurs insomniaques! :) ). Il est seulement malheureux de constater que 50 ans après, certaines choses n'ont pas changé... Qu'on considère cet ouvrage comme un message d'espoir ou comme une fiction à visée historique (personnellement, je trouve qu'il tient des deux!), c'est intéressant, ça se lit vite et ça fait réfléchir.                                                             Et pour ceux qui trouvent toujours quelque chose à redire, je ferai remarquer que la fin est attendue et un peu facile, mais ce n'est pas vraiment le genre de lecture qui sont sensées miner le moral, non? ;)

Et j'aimerai remercier Pierre Girard le traducteur, car d'habitude je ne suis pas fan des titres anglais traduits en français, mais là, le titre "La Couleur Des Sentiments" (titre VF) me parle plus que "The Help (titre VO)...

 Et vous? Avez vous lu ce livre? Qu'en avez vous pensé?

The Help

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Commentaires
L
Tu metteras bientôt un nouveau truc???????
C
Un très bon roman qui fait pleurer, rire, enrager! Un point négatif?......le film qui en a été tiré ;))
H
Bravo pour cette première critique... j'ai passé un très bon moment avec ce roman... que j'ai beaucoup prêté et qui fait l'unanimité chez mes copines! J'ai aimé en particulier "entendre" l'accent et la langue des bonnes du sud et je te rejoins sur les talents du traducteur qui a très bien rendu je trouve ce parlé sudiste très caractéristique... et qui m'a rappelé le "M'dame Scaaalett" de la bonne dans "Autant en emporte le vent"... un de mes films doudous.J'ai hâte de lire tes prochaines critiques...
P(r)ose Café
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